Le temps et l'intemporel
Le retrait du monde que dénonce Bonnefoy à propos de la « tentation gnostique » du concept prend racine dans cette « métaphysique du temps » qu’est la perspective. Cette conception de l’espace a directement rapport avec notre perception du temps, et donc de notre finitude. Cette économie est celle d’une « réduction du temps » :
Ainsi en géométrie cherche-t-on dans la figure qui fait problème une structure plus simple, qui se confonde avec une loi. Ainsi en mécanique réduit-on l’équation d’un problème, en « éliminant le temps », comme on dit, pour faire apparaître, une fois ce temps résorbé, la relation invariante qui est la part intelligible, et comme immobile, du phénomène. Quelle est la réduction que Piero [della Francesca] a opérée ? Justement, je le crois, celle du temps612.
L’essai de Bonnefoy cherche à distinguer deux types de perspectives : une de la « réduction », du refus de la mort, et une autre qui serait du côté d’une indécision, de l’avènement d’une présence. Ce qui nous intéresse ici, c’est de regarder comment le nombre, le numéral, peut donner lieu à deux conceptions opposées du temps. Ce recul historique est éclairant quant à la nature de ce que nous appelons aujourd’hui « numérique ». Si la peinture au xve contient du temps, c’est « de plusieurs façons613 ». Une première façon consiste à penser l’œuvre d’art comme un « intemporel ». Ce type de perspective fait de l’image une icône, entité sans passé ni avenir. La perspective n’exprime pas l’espace, nous dit Bonnefoy :
On a prétendu que la profondeur a été inventée, peu à peu, pour l’expression de l’espace : c’est mal poser le problème. En fait, le plan n’est en peinture que le mode d’être, et ainsi le lieu, de la Forme, de ce qui est essence et intemporel. Si même un mouvement ou une action s’y dessinent […] c’est un mouvement essentiel, archétypal614.
Pour Bonnefoy, les statues grecques anticipent déjà « le temps naturel, mécanique, celui du mouvement spatial, de la biologie et de la physique615 ». Cette confiance inaltérable s’appuie sur une stabilité de l’être, une existence « achevée ». Cette échappée du temporel refuse la mort, la recouvre sous des systèmes qui font de l’humanité une essence, et non une énigme. La perspective est essentiellement d’ordre conceptuel, elle ne retient des choses que des définitions, elle fait des êtres des modèles : « des rapports numériques diront alors le nombre que l’on peut croire inhérent à l’univers616 ». En cherchant à rassembler tous les attributs du réel, cette entreprise manque de fait le réel qu’est le temps.
Mais entre […] la perspective comme mesure et la perspective comme nombre, entre sa nature aristotélicienne, si je puis dire, et son ambition pythagoricienne, demeure toutefois une différence essentielle. La première est inhérente à l’instrument, l’autre exige une conviction, une volonté et un choix. Pour guérir le nombre de sa propre extériorité, pour dépasser l’apparence, pour échapper aux mirages de l’aspect, il faut une décision de nature métaphysique. […] Il y a eu, d’ailleurs, à toute époque et dans tous les arts […] la vera proporzione, d’une part, la qualei greci chiamano simetria, l’intuition de l’être par le nombre, et d’autre part l’effecto d’anima, l’expression psychique, le retracement d’un invisible617.
Ce qui intéresse Bonnefoy, c’est l’hésitation, l’incertitude née de ces deux façons de contenir du temps. Les peintures qui travaillent un doute, une ambiguïté, qui cherchent, sont tout autre chose que la dissipation de la finitude. C’est du « heurt » entre les peintres et leurs instruments que découlera une nouvelle conception du temps en peinture :
C’est sans doute l’invention quasi mécanique de Brunelleschi qui a introduit la pensée subjective dans la peinture. Car aux recettes qui permettaient aux peintres anciens de produire des images, se substitue un instrument universel, aux fins propres impénétrées, auquel les peintres se heurteront selon chacun sa capacité personnelle, et dans l’emploi duquel leur nature la plus intime se trahira618.
L’instrument perspectif est mis en doute par un double mouvement de subjectivation et d’abandon. Deux façons de faire, donc, se croisent dans le développement de la perspective. Certains peintres vont reconnaître la valeur du temps existentiel, celui de la « différence ». Leurs œuvres portent un temps « retrouvé », « réévalué », celui de l’ici-bas. Pour Bonnefoy, Giotto fait partie de ceux qui découvrent que le divin s’incarne dans le temps par le biais du Christ. Pensée décisive : « désormais le temps est visible et le problème se pose d’y consentir619. » Comment la perspective pourra-t-elle s’en faire l’écho ? Il s’agira d’envisager une forme de perspective qui ne soit pas une coupe, un instant suspendu de toute temporalité, comme l’est par exemple la Cène de Léonard de Vinci [ Fig. 226 ]. Cette géométrie manque l’enchaînement, la continuité, et au final la présence des existences, leur incalculabilité. Le rapport qu’établit Bonnefoy entre la perspective de la Renaissance et Platon est celui d’un monde sensible, « anxieux » quant à son rapports aux Idées. La grille du point de fuite s’apparente à :
[…] une intuition du réel qui passe d’abord […] par la sphère et ces polyèdres simples où l’on croit surprendre le nombre en train d’envahir l’espace et de prendre corps. Le sentiment de l’essence numérale est aussi fort chez Piero [della Francesca] que celui de l’être singulier, de la réalité contingente. […] Mais à quel prix ces deux directions de notre conscience peuvent-elles être rapprochées ? Au prix sans doute du temps. Ce qui distingue telle personne, disons Socrate, de l’idée de l’être humain comme telle, c’est l’acte imprévisible, non nécessaire, c’est la réalité de ce temps existentiel dans lequel elle semble n’être jetée que pour mieux décevoir et déchirer toute notion fixe, ou a priori, de son essence620.
L’« essence numérale » est ce qui éloigne l’existence de la contingence [ Fig. 227 ]. Ce temps de la construction ne sait rien des réalités quotidiennes, imprévisibles. Ce que dit Bonnefoy d’une vie « jetée » dans le temps de l’existence, c’est qu’elle ne saurait se réduire à une fixité, à une modélisation. La pensée platonicienne fait de la contemplation l’attitude par excellence, celle d’un homme ayant abandonné ses outils pour se tourner vers les Idées qui lui sont données – non faites de main d’homme – et dont toute incarnation ne peut être qu’une dégradation. Un tel monde est figé dans son essence.
La géométrie dans le Timée est celle d’un visible sans visibilité, où la mathématique est ce que l’homme doit découvrir derrières les apparences de l’être. Hannah Arendt nous donne une analyse précise de ce lien entre « entendement » et « perception » :
Mais les formes géométriques et idéales n’étaient pas des produits de l’entendement, elles étaient aux yeux de l’intelligence comme les perceptions aux organes des sens ; et qui s’exerçait à percevoir les choses cachées à la vision corporelle […]621.
Hannah Arendt sépare ensuite la géométrie classique platonicienne (non séparée de la philosophie) de la géométrie soumise au « traitement analytique […] où se reconnaît l’Idéal moderne qui est de réduire [l’entendement] en symboles mathématiques622 ». Plus qu’une délivrance de la spatialité géométrique du Timée, l’algèbre opère une coupure décisive entre l’expérience et la connaissance. Depuis l’invention du télescope par Galilée, nous dit Hannah Arendt, il n’est plus possible de se baser sur les cinq sens pour comprendre le monde. La « géométrie analytique » réduit le monde à une suite d’éléments auto-démontrables. Dans cet espace sans réel, l’homme ne peut avancer que dans ce qu’il a déjà démontré, « sûr de n’y rencontrer que soi-même ou de n’y rien voir qui ne puisse se ramener à des schémas qu’il portait déjà en lui623 ». Ce dehors sans extériorité est celui d’un monde où les symboles permettent de surmonter l’improbable :
Dans ces conditions d ‘éloignement, tout assemblage d’objets se transforme en simple multitude, et toute multitude, si désordonnée qu’elle soit, si incohérente, confuse qu’elle soit, peut se ranger en schémas et en figures tout aussi valables, tout aussi [dépourvues de sens]624.
La « condition de l’homme moderne » est celle d’une monde où toute expérience sensible se dissout dans la mathématique. Toute vérité formulable est le fait d’événements et d’instruments625, non pas de raisonnements. Le monde moderne est « déterminé » par des savoirs qui ne sont plus de l’ordre de savoir-faire. Ce que l’homme peut faire de ses mains ne lui est d’aucune utilité pour comprendre les lois objectives terrestres et supra-terrestres. Dans le même temps, ce qu’il est en mesure de construire depuis quelques dizaines d’années surpasse en complexité ce que toutes les générations antérieures ne pouvaient concevoir que comme des prérogatives divines. L’actualité du doute cartésien est celui d’un monde d’où les apparences ne permettent pas de savoir ce qui est. C’est « l’esprit qui joue tout seul », et « les résultats de ce jeu sont des vérités impérieuses626 ». Le calcul analytique soumet la diversité du monde à une abstraction homogénéisante et créé des équations prolongeables à l’infini.
Alors la vieille définition de l’homme – animal rationale – devient d’une précision terrible : privés du sens grâce auquel les cinq sens animaux s’intègrent dans un monde commun à tous les hommes, les êtres humains ne sont plus en effet que des animaux capables de raisonner, « de calculer les conséquences »627.
La réduction de toute sensation humaine à la mathématique est celle d’une dissolution des relations réelles en « rapports logiques » et « symboles artificiels ». De cette réduction, les peintres étudiés par Bonnefoy se font la voix inquiète, préfigurant la science algébrique. Ils expriment l’inquiétude quant à une vie qui ne serait pas inscriptible dans un devenir. Comment « ce en quoi quelque chose devient » (Platon) pourrait-il être le temps d’un calcul, si calcul veut dire machination, opération, anticipation, prévision ? Est-il possible de penser un temps authentiquement humain sans différer un calcul ? Le « rejeton » est ce qui est devenu, il porte un temps « retrouvé », rédimé.
Le temps du myste est celui de l’erreur, de l’espoir et de la détresse, c’est le temps existentiel enfin reconnu dans sa différence […]628.
Ce temps reconnu dans sa « différence » ne masque rien de nos errances. Le numérique, science du numéral, désigne étymologiquement des opérations menées à l’aide de nombres. En tant qu’il mélange calculs et sciences analytiques, on pourrait penser que le numérique appartient naturellement au logos, à la logique. Pour autant, des textes comme ceux de Derrida nous apprennent que la technologie est aussi ce qui charrie des fantômes, des spectres629, donc du mythos, du mythe, de la fiction. Si khôra est ce qui s’apparente à ces deux catégories sans pour autant leur appartenir, où situer le numérique dans cette affaire ? Si le numérique consiste essentiellement à effectuer des calculs inaperçus, de quelle visibilité le « rejeton » pourrait-il se prévaloir ? La puissance aveugle tout autant qu’invisible des algorithmes apparente le numérique à khôra, lieu de la matière, espacement sans espace tout autant que réceptacle informel.
Repartir de la divergence. Il y aurait authentification du numérique là où un calcul est différé, là où il s’actualise dans une différence. Ce en quoi le calcul devient pourrait paraître si le sensible qui s’en retranche porte la trace de sa matrice, la « présence du matriciel ». De cette parution, le calcul se verra supplémenté. Cette façon de faire du numérique ne se soumet donc pas au nombre dans un aveuglement inconditionnel. Le design des programmes que nous voulons soutenir est celui qui ne considère pas le calcul comme un milieu, mais comme une altérité à accepter et à travailler comme telle. Rejetés du strictement calculable, les programmes qui nous intéressent font croître, individuent, échappent aux directions prévues, anticipées, rationalisées. Le programme serait alors ce qui fait dévier d’une direction de pensée, où plutôt ce qui fait emprunter des directions qui n’étaient pas celles envisagées au départ. Penser le numérique comme une matière, si l’on comprend ce terme depuis Platon, cela sera l’envisager sous l’angle d’un avenir, c’est-à-dire de ce qui ne peut se prévoir.
Cet avenir ouvert dans un devenir s’oppose à la volonté de percevoir le temps comme une totalité perceptible, comme une entité que l’on pourrait appréhender depuis un point de vue extérieur — comme dans la vue de Dürer630 où un observateur se tient en retrait d’un monde soumis à la régularité planificatrice d’une grille perspective [ Fig. 228 ]. Le temps y est plan, planification sans épaisseur. Cette « perspective temporelle » est pour Merleau-Ponty une « confusion des lointains, cette sorte de ‹ ratatinement › du passé dont la limite est l’oubli631 » :
Quand nous décrivions tout à l’heure le recouvrement du temps par lui-même, nous ne réussissions à traiter le futur comme un passé qu’en ajoutant : un passé à venir, et le passé comme un avenir qu’en ajoutant : un avenir déjà advenu. […] Quel est donc ce temps éveillé où l’éternité prend racine ? C’est le champ de présence au sens large, avec son double horizon de passé et d’avenir originaires et l’infinité ouverte des champs de présence révolus ou possibles. Il n’y a de temps pour moi que parce que j’y suis situé, c’est-à-dire parce que je m’y découvre déjà engagé […]. Il y a du temps pour moi parce que j’ai un présent632.
Le temps de la science qui « manipule les choses633 » est celui du calcul qui ne diffère rien, qui écrase les espacements dans une perspective ratatinée. Le temps des dispositifs est le recouvrement du temps par lui-même, celui du « mal-être » pointé par Stiegler634. À l’inverse, l’engagement dans un devenir charrie « une infinité de champs [de] possibles ». L’avenir n’économise pas ce qui peut advenir, il est fondamentalement mouvement, divergence, imprévu. L’être s’y « découvre » ; l’engagement dans l’ouverture se fait sur le mode de la découverte. Garder trace, faire advenir la « présence du matriciel635 », c’est envisager le projet non comme une « perspective temporelle » écrasée, où les différents temps (conception et fabrication) sont rendus équivalents, mais comme une « infinité ouverte », un « champ de présence ». Le type de projet en design que nous voulons soutenir ne cherche pas à effacer « l’horizon [originaire] du passé » (Merleau-Ponty). Quelque chose d’un travail reste perceptible, un supplément qui échappe à la pureté d’une création sans « racine ». Ce « temps éveillé » du projet produit de la conscience de soi, au sens où Platon distingue dans le Timée la veille du raisonnement :
Un être humain parvient à la divination inspirée et vraie non pas lorsqu’il est dans son bon sens, mais lorsque sa faculté rationnelle se trouve entravée dans le sommeil ou lorsqu’il l’a perdue par l’effet de la maladie ou de l’enthousiasme. Au contraire, c’est à l’homme dans son bon sens qu’il appartient de comprendre, après se les être remémorées, les paroles proférées à l’état de veille ou en songe sous l’effet de la divination et de l’enthousiasme et, tout ce qu’il a eu comme apparitions, d’expliquer par le raisonnement de quelle manière et pour qui tout cela signifie quelque chose de mauvais ou de bon, que ce soit pour le présent, le passé ou le futur ; tant que l’homme pris de folie reste dans cet état, il n’arrive pas à porter un jugement sur ce qu’il a lui-même vu et entendu […]636.
Maintenu dans le temps de la veille, l’homme « pris de folie » perd la distinction entre « le présent, le passé [et] le futur ». La veille doit être redressée par la raison. La divination maintient l’être humain dans une situation où sa faculté à distinguer le bon du mauvais est « entravée », endormie, anesthésiée. N’y a-t-il pas quelque chose de cet ordre dans la réception de projets de design qui cherchent à occulter leur origine incertaine, ce que Derrida désigne comme « un raisonnement hybride, bâtard […] voire corrompu637 » ? Dans la volonté de présenter le projet comme une totalité linéaire et sans faille, n’y a-t-il pas une « folie » en germe, une négation de la complexité ?
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612
Y. Bonnefoy, « Le Temps et l’Intemporel dans la peinture du Quattrocento » [1959], dans : L’improbable, op. cit., p. 62. ↩
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613
Ibid. p. 42 : « De plusieurs façons la peinture contient du temps. » ↩
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614
Ibid. p. 65. ↩
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615
Bonnefoy cite Henry Corbin. ↩
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616
Ibid., p. 74. ↩
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617
Ibid., p. 74 et p. 79. ↩
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618
Ibid., p. 75. ↩
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619
Ibid., p. 70. ↩
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620
Ibid., p. 81. ↩
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621
H. Arendt, Condition de l’homme moderne, op. cit., p. 336. ↩
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622
Ibid., p. 335. ↩
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623
Ibid., p. 336. ↩
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624
Ibid., p. 337. ↩
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625
Rappelons que le livre d’Arendt, publié en 1958, s’ouvre sur la description du vol de la capsule Spoutnik dont il est contemporain. ↩
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626
Ibid., p. 356. ↩
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627
H. Arendt, Condition de l’homme moderne [1958], trad. de l’anglais par G. Fradier, Paris, Pocket, coll. Évolution, 2001, p. 356. ↩
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628
Y. Bonnefoy, « Le Temps et l’Intemporel dans la peinture du Quattrocento », op. cit., p. 68. Emprunté au latin mysta (mystes) « qui est initié aux mystères », proprement « qui tient clos (sa bouche et ses yeux) de (se) fermer ». Source : Dictionnaire TLFi/CNRS. ↩
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629
K. Mc Kullen, Ghostdance, dvd, Mediabox, 2006 : « Laissez revenir les fantômes. Cinéma plus psychanalyse, cela donne une science du fantôme. La technologie moderne décuple leur pouvoir. L’avenir est aux fantômes. ». Jacques Derrida développera ces propos improvisés dans Échographies de la télévision : entretiens filmés, Paris, Galilée, 2007 (avec Bernard Stiegler). ↩
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630
A. Dürer, « Deux dispositifs de perspective décrits par Albrecht Dürer dans l’Underweysung 1538 », dans : Géométrie, trad. de l’allemand par J. Peiffer, Paris, Seuil, 1995, p. 360. Dürer parle de « Durchsehung », c’est-à-dire « vue à travers ». ↩
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631
« Confusion des lointains » qui, rappelons-le, s’oppose à toute politique. ↩
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632
M. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception [1945], Paris, Gallimard, 2001, p. 484. ↩
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633
M. Merleau-Ponty, L’œil et l’esprit [1964], Paris, Gallimard, coll. Folio, 2000, p. 9. ↩
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634
B. Stiegler, La technique et le temps, tome 3, Le temps du cinéma et la question du mal-être, Paris, Galilée, coll. La philosophie en effet, 2001. ↩
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635
P.-D. Huyghe, Commencer à deux, op. cit., p. 51. ↩
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636
Platon, Timée, trad. du grec par L. Brisson, op. cit., p. 186. ↩
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637
J. Derrida, Khôra, op. cit., p. 17. ↩