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Culture technique et individuation

Dans son livre Du mode d’existence des objets techniques, Gilbert Simondon distingue deux types de rapport à la technique: Le premier est un «mode mineur655» qui repose sur une action détachée de la connaissance objective. Le «mode mineur» d’acquisition des techniques est incommunicable ou difficile à communiquer car il repose sur une acquisition intuitive. Le travailleur de la mine, par exemple, est pour Simondon confondu avec son milieu technique. Il «sent» littéralement la mine sans pouvoir expliquer les dangers qui l’environnent. C’est pour cela que les accidents arrivent en priorité à ceux qui ne sont pas avertis. La mine est pour lui comme une «seconde nature656». Cette connaissance intériorisée est le propre des enfants et des métiers manuels non scientifiques:

La représentation de l’artisan est noyée dans le concret, engagée dans la manipulation matérielle et l’existence sensible ; elle est dominée par son objet ; celle de l’ingénieur est dominatrice ; elle fait de l’objet un faisceau de relations mesurées, un produit, un ensemble de caractéristiques657.

Le rapport au monde du «mode mineur» se fait sur le mode d’une religion implicite. Il fonctionne sur la base d’une connaissance inaccessible au profane, car intransmissible. Dans cette configuration, l’homme n’est pas séparable de son environnement. L’apprentissage acquis par l’habitude est un «agir sans comprendre [qui fait] face aux savoirs rationnalisés658». Ce mode d’acquisition ne permet pas l’ouverture du savoir à d’autres que soi-même, il se perd avec la disparition de l’individu. Ce rapport à la technique, pour Simondon, diffère d’une approche basée sur la raison. Mais, ajoute-t-il:

Il est trop facile d’opposer la routine à la science, qui serait du même coup le progrès ; la primitivité ne saurait être confondue avec la bêtise, pas plus que la conceptualisation avec la science. […] Cette forme de technique a de plus un second caractère : elle est initiatique et exclusive ; en effet c’est en s’élevant à l’intérieur d’une communauté déjà tout imprégnée des schèmes d’un travail déterminé que l’enfant acquiert ses intuitions de base ; celui qui vient de l’extérieur est très probablement privé de cette participation initiale qui exige l’existence de conditions vitales, parce que les conditions vitales sont éducatives en ce premier sens659.

Si le «mode mineur» et le «mode majeur» ne doivent pas s’opposer frontalement mais se compléter, il subsiste néanmoins, du point de vue de Simondon, une divergence importante, celle de l’accès au savoir. L’attache immersive de l’homme à son milieu technique entrave la «fraternité». À l’inverse du «statut de minorité» dont parle Simondon, le «statut de majorité» est une connaissance extériorisée, qui permet de transmettre à quelqu’un d’autre ce qui a été appris. Permettant de connecter différentes branches du savoir, elle est pour Simondon une ouverture efficiente. Cette visée encyclopédique permet une fraternité retrouvée, une unité des techniques qui reste toujours à construire. Comme le note Nicole Auray, la conscience d’une altérité est directement fonction de «l’ouverture informationnelle660». À partir des concepts développés par Simondon, est-il possible de penser un travail des programmes qui ne se fonderait pas sur un «mode mineur», mais qui permettrait une mise en commun des pratiques?

La disjonction opérée par l’époque moderne entre l’expérience et la connaissance marque une crise de la tradition et de la culture661. La technique contemporaine est souvent rejetée en raison de sa supposée obscurité. Le numérique, terme recoupant des notions très diverses, devient alors une ennemi potentiel, une adversité qu’il s’agirait d’affronter pour revenir à un monde d’avant. Cette inquiétude actualise alors malgré elle l’idée d’une «révolution» numérique, si l’on comprend ce terme comme le retour au même. Ce que Simondon nous invite à penser, c’est un type de culture qui ne s’oppose pas à la technique662. La conception de la technique que défend Simondon s’oppose à la fusion de l’homme et de son milieu artificiel. Sans y renoncer totalement (les deux modes peuvent coexister), il nous faut penser autrement que dans le «mode mineur», celui de l’intériorisation et de l’instinct. Il est nécessaire de développer une «culture technique663» pour comprendre les vrais enjeux des relations entre l’homme et les machines.

Afin de mieux saisir le processus qui conduit de l’intériorisation d’une technique à son possible partage avec les autres êtres vivants, il nous faut saisir en quoi consiste la «théorie de l’image» formulée par Gilbert Simondon. La technique, nous dit Simondon, ne peut pas se comprendre si l’on demeure dans l’opposition habituelle entre sujet et objet. Sa «théorie de l’image» pose tout d’abord qu’il existe des «images» qui préexistent au vivant. Plus exactement, chaque être vivant possède dès sa naissance des images qui sont en quelque sorte des modèles primitifs, des capacités motrices qui préexistent à tout contact avec le monde extérieur. Les images ne sont donc pas chez Simondon des éléments extérieurs à la conscience que l’on pourrait percevoir. Ce sont «des activités internes auto-produites664» qui sont antérieures au sujet. Elles servent à amorcer des réactions motrices afin de décider entre plusieurs choix dans des situations d’urgence, où l’émotion ne permet pas de distanciation. Ces activités constituent le premier stade de l’image.

Le deuxième stade de la théorie de l’image est celui de «l’individuation». Il y a individuation (Simondon ne sépare pas l’humain des autres êtres vivants) lorsque l’être vivant est en mesure de dépasser le milieu qui lui préexiste. Comme le note Jean-Louis Poitevin, la notion d’image permet à Simondon de formuler «une conception du sujet comme évolution constante et une conception de la forme comme déployée à partir des schèmes internes au vivant. L’individuel est pensé à partir d’un pré-individuel et tend vers un transindividuel». Contrairement aux théories philosophiques qui voient l’être comme une entité stable et finie, Simondon nous invite à penser que chaque chose est prise dans un devenir, dans un processus jamais fini:

L’individuation n’a pu être adéquatement pensée et décrite parce qu’on ne connaissait qu’une seule forme d’équilibre […] ; or, l’équilibre stable exclut le devenir, parce qu’il correspond au plus bas niveau d’énergie potentielle possible ; il est l’équilibre qui est atteint dans un système lorsque toutes les transformations possibles ont été réalisées et que plus aucune force n’existe ; […] le système […] ne peut se transformer à nouveau665.

L’individu n’atteint jamais un équilibre stable, il est ce qui actualise et dépasse des images mentales qui lui préexistent. Le réel préexiste à l’individuation, au processus par lequel un être ne cesse d’éprouver et d’actualiser ses potentialités. Autrement dit: il y a de l’image avant qu’on ne puisse percevoir des images. L’image chez Simondon n’est jamais une entité culturelle objectivable, mais bien une fonction et un «processus mental666». Le dépassement de l’opposition stabilité/instabilité qu’opère Simondon répond au développement de la physique quantique, qui montre que l’être est toujours pris dans un mouvement de transformation, et que les conditions d’observation modifient l’objet observé.

Il y a donc plusieurs stades de l’image. Le processus de réaction aux images «pré-individuelles» fait passer le sujet d’un «milieu» à un «territoire». Le stade de «l’imagination» survient quand le sujet est capable de former des nouvelles images. L’imagination pousse le sujet à l’invention. Le fait de porter en lui une nouvelle image l’incite à la confronter à la réalité, et donc à l’y ancrer. L’invention est la matérialisation d’une image inventée. «L’invention dans les techniques» désigne ainsi pour Simondon le mouvement qui part d’un réel antérieur au sujet pour aller vers les autres. L’objet technique emporte quelque chose de l’image intériorisée:

Donc, pour qu’un objet technique soit reçu comme technique et non pas seulement comme utile, pour qu’il soit jugé comme résultat d’information, et non comme ustensile, il faut que le sujet qui le reçoit possède en lui des formes techniques. Par l’intermédiaire de l’objet technique se crée alors une relation interhumaine qui est le modèle de la transindividualité. […] L’objet qui sort de l’invention technique emporte avec lui quelque chose de l’être qui l’a produit […] on pourrait dire qu’il y a de la nature humaine dans l’être technique […] pour désigner ce qui reste d’originel, d’antérieur même à l’humanité constituée en l’homme […]667.

En tant que matérialisation d’un processus de développement d’images commun à tous les êtres vivants, l’objet technique emporte «quelque chose de [celui] qui l’a produit», tandis que l’ustensile n’est pas «le résultat d’informations». Par la technique, l’homme créé des «médiations» qui sont détachables de lui-même et peuvent être travaillées par d’autres. «La machine possède une sorte d’impersonnalité668» en tant qu’elle contient quelque chose de commun à tous les hommes, le processus de formation d’une image. Le propre de la technique est donc de mettre les hommes en relation bien plus que de produire des objets «utiles»:

C’est le paradigme du travail qui pousse à considérer l’objet technique comme utilitaire ; l’objet technique ne porte pas en lui à titre de définition essentielle son caractère utilitaire ; il est ce qui effectue une opération déterminée […] ; mais, précisément à cause de son caractère détachable, […] l’objet technique peut accomplir l’analogue d’un travail, mais il peut aussi véhiculer une information en dehors de toute utilité pour une production déterminée. C’est le fonctionnement, et non le travail, qui caractérise l’objet technique […]669.

L’objet technique n’est pas à ranger dans la même catégorie que le travail. Il est, dit Simondon, un «fonctionnement opératoire». La pensée technique est directement liée à l’acte d’invention. Elle peut être communiquée et donner lieu à des participations. L’invention dans la technique, nous conduit à un point fondamental de la pensée de Simondon. C’est par la technique que se constitue une réalité qui dépasse les individualités. Ce dernier stade de l’image est donc celui du «transindividuel». Pour vivre pleinement cette relation, il nous faut sortir du registre de l’utilité. Quand l’objet technique est employé ou asservi, nous dit Simondon, il ne donne aucune «information», de la même manière qu’un livre utilisé pour caler un meuble ne nous apprend rien.

Résumons la conception des images que donne Simondon: les images sont des réalités qui préexistent à la perception et à la raison. Elles forment une continuité entre tous les êtres vivants. Les images primaires leur permettent de réagir sans réfléchir devant des situations; elles sont d’ordre biologique. Les êtres vivants et les hommes sont emportés dans un même mouvement continu, celui de formation et de transformation des images. L’imagination désigne la faculté à s’écarter du milieu «pré-individuel» en constituant des nouvelles images, elle est ce qui permet «l’individuation». Imagination et invention sont directement liées. L’invention est la matérialisation physique des images nouvelles, celles provenant de l’imagination. L’invention technique permet de passer de l’individuel au «transindividuel». La matérialisation de l’imagination au sein des objets techniques fait résonner chez les autres le fondamental processus de constitution des images. L’objet technique est un objet inventé et pensé avant d’être utile. C’est son intelligibilité et son fonctionnement opératoires qui sont primordiaux. En tant que concrétisation d’une intention, l’information contenue dans l’objet technique incite à son tour à la participation et à l’invention. Le processus opératoire de la pensée technique se situe au-delà du travail et du rendement: «les êtres humains communiquent à travers ce qu’ils inventent670».

Si les écrits de Simondon ne se réfèrent pas directement au design, nous pensons néanmoins que les designers ont à apprendre de ce type de texte. Sa compréhension de la pensée technique comme ce qui dépasse et relie les individualités donne à réfléchir à propos des enjeux posés par le développement des «logiciels libres» (nous reviendrons plus loin sur ce point). Le fait de séparer la notion d’utilité de l’information pensée et assumée au sein des objets techniques nous permet d’envisager une façon de faire du design qui n’est pas celle que l’on entend habituellement. Plus encore, l’importance fondamentale que Simondon accorde à l’invention (et plus précisément à l’invention dans les techniques) nous permet de nous interroger sur le présupposé consistant à envisager le design comme «ce qui répond à une attente». La matérialisation d’images et l’incarnation d’informations au sein des objets techniques s’oppose au «travail», compris ici comme la recherche d’une efficacité, de l’adéquation d’un besoin à une fin. Dans cette optique, nous pouvons alors penser une conception du design comme ce qui, en s’opposant à la recherche d’une utilité immédiate, se situerait dans la recherche d’une invention au travers des inventions. La pensée technique est, au sens fort, une façon de faire constitutive de l’humanité qu’il ne faut pas brider au sein de systèmes fermés qui enferment l’information en masquant le fonctionnement des objets.

Le processus de formation des inventions techniques s’oppose au temps des marchandises industrielles qui fige l’information contenue dans les objets. Simondon n’a eu de cesse de dénoncer la volonté d’occulter le «fonctionnement» des objets techniques. Cette clôture entre directement en conflit avec les processus d’individuation et d’invention. Autrement dit: fermer un objet empêche l’humanité de dépasser son stade «pré-individuel» et la cantonne à «réagir» à des situations, à anticiper sans conscience. L’objet qui se donne à nous comme une entité close et finie ne conserve rien de ses conditions de fabrication. Il ne peut donner à produire autre chose que ce qu’il est déjà:

Les objets techniques qui produisent le plus d’aliénation sont ceux qui sont destinés à des utilisateurs ignorants. De tels objets se dégradent progressivement : neufs pendant peu de temps, ils se dévaluent en perdant ce caractère, parce qu’ils ne peuvent que s’éloigner de leurs conditions de perfection initiale. Le plombage des organes délicats indique cette coupure entre le constructeur qui s’identifie à l’inventeur et l’utilisateur qui acquiert l’usage de l’objet technique uniquement par un procédé économique […]671.

Le type d’objet contre lequel Simondon prend position est déjà fini quand l’utilisateur le reçoit. Dès lors, il ne peut que s’altérer, décliner, «s’éloigner de ses conditions de perfection initiale». Certains objets produisent du savoir, d’autres de l’aliénation. Pour Simondon, il y a donc des façons de faire anti-techniques qui sont à écarter. Dans l’expérience d’un objet fermé, l’utilisateur est d’emblée considéré comme «ignorant». Il est, selon Simondon, «aliéné». L’usage est dicté par «un procédé économique» qui coupe le «constructeur de l’inventeur». Une telle séparation est liée au développement du capitalisme, qui sépare l’outil de production de celui qui détient le capital. Au-delà de la perte de son savoir-faire, l’utilisateur ignorant est dépossédé de son «savoir-comprendre» et de son «savoir-maîtriser672». L’objet technique est «nuisible» s’il nous refuse d’emblée la possibilité d’être aussi designer de l’objet, s’il présuppose une expertise qui éloigne celui qui a produit l’objet de celui qui le reçoit. Par exemple, là où les radios Braun de Dieter Rams mettaient en valeur les vis d’ouverture et donnaient à voir le fonctionnement interne, d’autres objets aux apparences similaires comme ceux d’Apple expriment la décision de couper court à toute marge de liberté. Le «plombage des organes délicats», interdit tout accès à la «zone obscure673», celle des programmes, même si des contournements sont, heureusement, toujours possibles. L’ignorance maintient l’utilisateur dans un état où il lui est difficile d’inventer, son environnement technique étant indéchiffrable [Fig. 231]. Fig. 231 Le type de conception que soutient Simondon induit des formes d’activités qui ne créent pas de rupture entre le savoir abstrait et le savoir empirique. Il s’agit de penser un «mode d’existence des objets techniques» qui puisse se lier avec l’existence humaine. Ce que nous apprend Simondon, c’est que la compréhension de la «zone obscure» d’une machine est une condition nécessaire d’individuation et de transmission. Dans cette optique, le design ne consisterait pas à construire des objets isolés, mais à élaborer les conditions d’une réalité technique commune à tous les êtres humains.

L’objet technique devenu détachable peut être groupé avec d’autres objets techniques selon tel ou tel montage : le monde technique offre une disponibilité indéfinie de groupements et de connexions. Car il se produit une libération de la réalité humaine cristallisée en objet technique ; construire un objet technique est préparer une disponibilité674.

L’enjeu du design ne résiderait pas immédiatement dans la recherche d’une utilité, mais dans la préparation d’une «disponibilité». Dans le champ des programmes numériques, on pourrait ainsi s’essayer à transposer les conclusions de Simondon en pensant le programme non comme une entité isolée, mais comme une incitation à des «groupements» et à des «connexions». Le design des programmes permet de réinterroger les modes de relations entre l’homme et son environnement technique. Chercher à masquer le fonctionnement de ces espaces intermédiaires condamne l’utilisateur à ne jamais sortir de sa condition d’usage. La transparence des «assistants de création» est une absence de morale où les relations sont jouées d’avance, les conditionnements n’y sont pas dépassables. Autrement dit: faire du programme autre chose que de l’emploi permet de développer une conscience technique. Là où une façon de faire du numérique pense en termes de «problèmes à résoudre» et de «chaîne créative», il existe d’autres approches qui font place à l’imprévu, au discontinu, et c’est même ce que nous pourrions nommer «design». La recherche d’une expérience propre qui s’avère dans l’exercice d’une technique permet de se différencier et donc de «s’individuer». S’il y a bien de l’idée «en» design, c’est précisément parce que la matérialisation d’un objet technique n’est pas que de l’ordre d’une projection, d’un devenir prévisible et sans accidents. L’objet technique emporte une «charge de réalité675» qui dépasse la somme des individualités.

  1. 655

    G. Simondon, «Nécessité d’une synthèse au niveau de l’éducation entre le mode majeur et le mode mineur d’accès aux techniques», dans: Du mode d’existence des objets techniques [1958], Paris, Aubier, 2012, p. 106. 

  2. 656

    Ibid., p. 89: «[Un sujet possédant] une technique, très peu rationalisée, exige le début extrêmement précoce de l’apprentissage, le sujet, même devenu adulte, conservera une irrationalité de base dans ses connaissances techniques […] par là même, ce technicien fera consister ses connaissances non en schèmes clairement représentés, mais en tours de main possédés presque d’instinct, et confiés à cette seconde nature qu’est l’habitude.» 

  3. 657

    Ibid., p. 87. 

  4. 658

    G. Calmettes, dans: J. Roux (dir.), Gilbert Simondon. Une pensée opérative, Université de Saint-Étienne, coll. La matière à penser, 2002, p. 86. 

  5. 659

    G. Simondon, op. cit., p. 90. 

  6. 660

    N. Auray, «Ethos technicien et information. Simondon reconfiguré par les hackers», dans: Gilbert Simondon. Une pensée opérative, ibid., p. 124: «La tolérance est ainsi une valeur directement suscitée par l’ouverture informationnelle.». 

  7. 661

    H. Arendt, La crise de la culture [1968], trad. de l’anglais par O. Lévy, Paris, Gallimard, coll. Folio Essais, 2011. 

  8. 662

    G. Simondon, Du mode d’existence des objets technique, op. cit., p. 9: «Cette étude est animée par l’intention de susciter une prise de conscience du sens des objets techniques. La culture s’est constituée en système de défense contre les techniques […].» 

  9. 663

    Ibid., p. 82: «Les idées d’asservissement et de libération sont beaucoup trop liées à l’ancien statut de l’homme comme objet technique pour pouvoir correspondre au vrai problème de la relation de l’homme et de la machine. Il est nécessaire que l’objet technique soit connu en lui-même pour que la relation de l’homme à la machine devienne stable et valide: d’où la nécessité d’une culture technique.» 

  10. 664

    J.-L. Poitevin, «Gilbert Simondon: Les images et le vivant; Images mentales – Images techniques», séminaire «Imagination et Invention», séance 4, TK-21, 2009-2010. 

  11. 665

    G. Simondon, L’individuation psychique et collective [1958], Paris, Aubier, coll. Philosophie, p. 14. 

  12. 666

    J.-L. Poitevin, op. cit.: «L’image n’est pas une chose ou un objet, elle est une activité et une activité qui n’est pas soumise au contrôle du sujet ou de la conscience ou de l’individu comme on voudra l’appeler, mais une activité qui l’englobe qui commence avant lui et qui va au-delà de lui. On pourrait même dire paradoxalement que c’est en partie contre cette activité qui existe en lui autant qu’avec elle que le sujet se constitue. Il réagit, voire sur-réagit à la présence d’images en lui […].» 

  13. 667

    G. Simondon, Du mode d’existence des objets techniques [1958], Paris, Aubier, 2012, p. 247-248. 

  14. 668

    Ibid., p. 245. 

  15. 669

    Ibid., p. 246. Nous pouvons remarquer que Lev Manovich emploie aussi le terme d’«opération» pour désigner les actions possibles des logiciels, dans: «Les opérations», troisième chapitre du livre Le langage des nouveaux médias [2001], Dijon, Les presses du réel, 2010, p. 235-326. 

  16. 670

    Ibid., p. 247. 

  17. 671

    Ibid., p. 250-251. 

  18. 672

    A. Lantenois, Le vertige du funambule. Le design entre économie et morale, Paris, B42, 2010, p. 52-53. 

  19. 673

    G. Simondon, Du mode d’existence des objets techniques, op. cit., p. 227: «La culture est ce par quoi l’homme règle sa relation au monde et sa relation à lui-même; or si la culture n’incorporait pas la technologie, elle comporterait une zone obscure et ne pourrait apporter sa normativité régulatrice au couplage de l’homme et du monde.» 

  20. 674

    Ibid., p. 246. 

  21. 675

    Ibid., p. 248.