La conscience en défaut
Cette idée d’une catastrophe imminente et de foules d’individus (in)contrôlables traverse les textes de Bernard Stiegler. La convergence des dispositifs dans le « tout numérique » est le dernier avatar des mutations sociétales et politiques produites par un développement sans limite de la « technoscience ». Dans sa trilogie sur La technique et le temps420, Stiegler cherche à définir sous l’égide du temps les nouveaux objets constitués par l’époque des appareils d’enregistrement, à savoir le cinéma et, par extension, la télévision. S’appuyant sur Husserl, Bernard Stiegler parle « d’objets temporels » pour désigner les « flux » d’enregistrements qui accèdent à la conscience, qui est elle-même un flux. La conscience peut retenir (en « rétentions ») la temporalité d’un film, où chaque instant est analysé en fonction de ceux déjà passés. À l’époque moderne, l’entrelacement temporel très particulier de l’écoute d’une mélodie va se reconfigurer par le fait que cette musique peut, en tant qu’élément reproductible, être librement réécoutée à l’identique. L’analyse que donne Bernard Stiegler du cinéma (où plutôt de son économie) se fait sous l’angle de son inscription dans un système commercial débridé.
Je soutiendrai ici la thèse selon laquelle […] l’unification du flux d’une conscience […] atteint avec la production industrielle des objets temporels un stade tel que la transformation de cette conscience peut aboutir à sa pure et simple destruction. […] Le développement et l’intégration des technologies de la logistique et du symbole constituent une perte d’individuation […]. [L’] « individu technique » […] se substitue à l’ouvrier, lequel, ayant ainsi extériorisé son savoir, se trouve dès lors privé de la possibilité de s’individuer, c’est-à-dire condamné à se prolétariser. […] Il en résulte une lente destruction des capacités unificatrices des flux temporels […]. Car telle est la finalité des dispositifs d’observation des comportements des consommateurs de programmes […]421.
Pour Bernard Stiegler, cette injonction au changement perpétuel entraîne un état d’instabilité, où le « groupe ethnique422 » tend à disparaître au profit d’un « milieu » technique sans dehors. Le marketing force « l’adoption423 » des nouvelles techniques par la mise en place d’une économie de l’attention — ce que pointe Patrick Le Lay, lorsque, à la tête de tf1 il déclare :
À la base, le métier de tf1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit. […] Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. […] Rien n’est plus difficile que d’obtenir cette disponibilité. […] La télévision, c’est une activité sans mémoire424.
« Obtenir une disponibilité » des individus renvoie directement au concept de dispositif pensé par Agamben. Disposer, rendre disponible, employer — tout un vocabulaire qui circule parmi nous pour désigner des objets et interfaces numériques, dont on mesure désormais ce qu’il peut recouvrir. En tant que flux, le cinéma (et la télévision425) a le pouvoir d’épouser le temps des consciences, où chaque seconde perçue coïncide avec le temps réellement écoulé. Illusion de la perception rétinienne, le temps du cinéma « synchronise » les consciences par son développement mondialisé. Soumis au temps des « industries culturelles426 », le cinéma américain opère un processus général d’adoption unificatrice, nouvelle forme d’influence politico-économique se substituant à la guerre comme propagande d’un modèle de société427. La télévision (et plus largement l’avènement du « temps réel ») amplifie la synchronisation des consciences, des millions de sujet pouvant recevoir au même moment la même « expérience » d’un événement :
La coïncidence des flux ne signifie pas que toutes ces consciences voient et vivent la même chose. Nous ne disons pas que le programme audiovisuel « programme » le temps de la conscience au sens où il le déterminerait : c’est un conditionnement. Mais l’efficacité de ce conditionnement est énorme, et précisément quantifiée par les calculs des mathématiques appliquées et les techniques de la recherche opérationnelle428.
Bernard Stiegler distingue ici la détermination du conditionnement. La détermination (de determinatio, « fixation d’une limite, fin ») est orientée vers l’effectuation d’un résultat, duquel le procédé ne doit pas dévier. Le conditionnement, quant à lui, soumet la volonté humaine à une ou plusieurs orientations. Bien que cet assujetissement puisse être très efficace, il ne peut jamais être absolu, au sens où il « programmerait » ce qui pourrait advenir. Le « programme audiovisuel » ne « programme » pas un résultat, mais il indique (conditionne) une fin dont rien ne permet de prévoir qu’elle soit effectivement atteinte429. Il y a donc toujours des marges possibles, aussi fines soit-elles. Le « conditionnement » du « temps réel » des industries culturelles s’oppose au processus permettant au vivant de devenir un individu, une existence différente d’une autre. En court-circuitant la construction de l’individu, le dispositif en ferait une entité répliquable et désœuvrée.
Devenues « informations », compétences et connaissances sont « discrétisées » en entités économisables. Ce que nous avons vu à propos du contrôle « discret » du dispositif tel que le pense Foucault peut ici se relier à la « discrétisation » des codes sources. L’assemblage à partir d’unités abstraites et indivisibles des langages formels se fait de façon invisible. Le traitement opératoire du calcul n’est que rarement donné à voir. Ainsi réduite, la culture peut alors être soumise à loisir à des traitements de données, calculables et manipulables. Ce sont les mêmes « dispositifs » qui permettent de diffuser de l’art ou des émissions télévisuelles, de guider un missile, d’acheter des biens430, et, ajouterons-nous à cette liste de Bernard Stiegler, de produire des œuvres commercialisables. L’économie d’une information est directement liée au temps qu’elle met à rejoindre son destinataire ; la valeur d’une information décroît à mesure qu’augmente le temps réel. Le journal de la veille ne vaut économiquement plus rien, de même que la température d’il y a quelques heures. Le pouvoir est directement lié au fait « stratégique » de détenir une information avant les autres. Si cela n’est pas le propre de notre époque, l’accélération qui inquiète Stiegler et Virilio s’étend désormais à tous les domaines des existences. Les espaces dédiés au non rentable et à la gratuité431 s’amenuisent. La perte des repères spatiaux et temporels (« cardinalité » et « calendarité ») est prise en charge par des dispositifs de contrôle : géolocalisation, grilles de programmes, broadcast (télédiffusion), etc. Hégémonique, le temps des dispositifs impose sa norme au monde entier, écrasant l’espace et le temps et les remplaçant par des unités artificielles, comme le « faux jour » dont parle Virilio pour qualifier ce qu’il nomme la « déréalisation432 » du monde.
Le propre de l’humanité (et de la conscience) est d’être « en défaut », comme le démontre Bernard Stiegler dans La faute d’Épiméthée. De ce défaut originaire naît la technique, qui peut être comprise comme une extériorisation des fonctions et capacités humaines. L’homme est ce qui ne cesse pas de chercher à être autre chose que ce qu’il est. L’inachèvement est sa condition. La technique et les prothèses que celle-ci produit peuvent constituer un « milieu » qui se superpose à la nature. Le conditionnement des programmes-dispositifs remet ainsi en jeu des craintes anciennes433 quant à un affaiblissement et un assujettissement de l’homme par la technique. L’extériorisation des capacités cognitives, constitutives de la technique et donc de l’humanité, n’est pas en soi ce qui pose problème dans l’analyse que donne Bernard Stiegler des formes contemporaines de la technique. Ce qui inquiète Stiegler, c’est le fait que le « processus de prothétisation » fondamental soit délégué à des dispositifs soumis à des programmes à finalité économique. En réduisant les individus à des caractéristiques « profilées », cette façon de faire du numérique enferme l’individu dans ce qu’il est déjà, où plutôt dans ce qu’on choisit qu’il soit. En constituant un « milieu », les dispositifs deviennent invisibles, « transparents », au sens où les poissons ne perçoivent pas l’eau dans laquelle ils sont tout le temps immergés434. L’industrialisation des comportements chosifie l’individu, ne lui ouvrant qu’un devenir anticipé et contrôlé. Ce futur prévu de bout en bout est celui d’une économie de la nouveauté, où il faut commercialiser à tout prix les marchandises toujours plus nombreuses. Alors que la faculté de réception de ces productions s’amenuise, la volonté d’écouler les stocks va se faire par l’invention du marketing435, qui prend en charge le conditionnement des consciences.
Il faut donc organiser l’adoption de l’innovation par la société et forcer la pénétration de la vie quotidienne par la technique et les objets usuels nouveaux qu’elle permet de produire – du chemin de fer au cinéma et au vélo, en passant par la brosse à dents et pâte dentifrice : le développement de l’information et de ce qui deviendra le marketing est la condition de cette socialisation de la nouveauté […]436.
Soumise aux impératifs de la rentabilité du capital, la technique est dévoyée. L’économie impose un calcul du risque pour économiser ses pertes. Est rentable ce qui possède un taux de rendement calculable dans une temporalité définie. Cette production de valeur supérieure à l’investissement initial (travail ou capital) n’est envisageable que dans une pré-vision qu’il s’agira de modéliser, donc de pré-voir toujours davantage afin de minimiser l’échec. Ce rejet de l’imprévu ne peut qu’avoir de dramatiques conséquences sur le développement humain — « mal-être » (Stiegler) et « catastrophe » (Agamben). On retrouve chez ces deux auteurs l’idée que l’époque actuelle opère un changement dans le processus continu de déploiement des techniques et de leur faculté d’« individuation ». Ce concept, emprunté par Bernard Stiegler à Gilbert Simondon, désigne l’écart entre un je et un nous :
L’individuation est conçue comme un processus qui est toujours à la fois psychique et collectif – où je et nous sont donc deux faces du même processus, l’écart entre eux constituant aussi la dynamique du processus. Or, Simondon pose en principe que dire l’individuation, c’est-à-dire la connaître en tant que je s’adressant à un nous, c’est l’individuer, autrement dit la poursuivre, et, en cela, l’altérer, la faire-devenir, la trans-former437.
L’individuation échappe à la « modélisation » des dispositifs, au sens où toute observation la modifie, la fait être autrement. Elle est le processus par lequel l’individu se singularise, tout en individuant le groupe auquel il appartient — où le je est toujours fonction d’un nous, où le nous ne réduit pas les je à des entités semblables. Je et nous sont des processus qui ne se réalisent jamais. Ils ne peuvent être stabilisés, modélisés. Au modèle s’oppose le « style », l’inscription d’une singularité dans une matière, qui permet de faire exister une personne au sein d’un groupe.
Un style personnel est toujours pris dans un style moins personnel, dans une certaine impersonnalité. […] In-descriptible, le style est im-probable du fait de son in-descriptibilité. Il est indéterminable et indéterminé, et, comme tel, la marque, le chiffre, le gramme et le poids de l’indéterminé, c’est-à-dire du défaut — tandis qu’il s’engendre des défauts du styliste, ce qui se comprend dans la figure retirée et marginale de l’artiste qui apparaîtra avec la société industrielle, paria, handicapé social spécialiste de l’indéterminé, de l’idios438.
Par « gramme », Stiegler se réfère à l’analyse que donne Sylvain Auroux du concept de « grammatisation ». La grammatisation désigne basiquement la réduction d’une extériorité en un nombre restreint et défini de symboles en vue d’une reproduction :
La grammatisation […] désigne la transformation d’un continu temporel en un discret spatial : c’est un processus de description, de formalisation et de discrétisation des comportements humains (calculs, langages et gestes) qui permet leur reproductibilité […]. Grammatiser, c’est donc discrétiser, en vue de reproduire. Sera nommée gramme toute unité discrète inscrite dans un support technique de mémoire […]. Le processus de grammatisation est l’histoire technique de la mémoire : c’est l’histoire du supplément au sens où en parlait Jacques Derrida mais tel qu’il consiste en une discrétisation, une discrimination, une analyse et une décomposition des flux […]439.
Par exemple, les sons de la voix réduits en phonèmes peuvent être apparentés à la restitution (problématique) du temps par le cinématographe, de même que les enregistrements analogiques ou numériques440. Le langage, au sens de grammaire, n’est donc qu’un élément de ce processus continu de subjectivation. Mais la grammatisation, opération technique, peut devenir une « arme441 » permettant le contrôle des individus. Par exemple, le déploiement colonial d’une grammaire dans des cultures étrangères permet de produire des individus qui ne pourront penser qu’à l’intérieur de cette structure442.
La grammatisation est une guerre des esprits menée à travers le développement technique (l’individuation) de systèmes de rétentions tertiaires, qui caractérise l’histoire du processus d’individuation psychique et collective constitutif de l’unité du monde occidental […]. Cette histoire consiste en une succession de pertes d’individuation […]443.
Ce que dit Stiegler de la grammatisation est proche du « dispositif » pensé par Agamben444, où l’oikonomia chrétienne façonne les dispositions mentales des sujets « docilisés ». Ce que Stiegler désigne par « époque hyperindustrielle » (sans la définir réellement445), c’est le passage du logique (logos) au logistique, de la projection au calcul, du commerce au marketing, et leur extension à tous les domaines de la vie. La domination actuelle des esprits passe par un contrôle accru de la fabrication des symboles, et donc des symboles tout court. Cette présélection des termes à intérioriser (l’individu est privé de sa capacité à choisir ce qu’il retient) entraîne une destruction des identités et une sortie du politique, ce qui génère de la violence par un retour du refoulé. Réduit à des variables et à des ajustements concurrentiels, l’individu n’est plus capable de se projeter dans un avenir ouvert :
Cette absorption aboutit à la réduction de la projection […], à un calcul pour lequel il n’y a plus d’indétermination, c’est-à-dire de singularité. […] La projection suppose un projet, et sa réduction à un calcul signifie que ce projet n’est plus, à proprement parler, une ouverture à un avenir, dans la mesure où celui-ci est par essence indéterminé, et, en tant que tel, proprement incalculable, là même où le calcul peut aussi l’intensifier comme dispositif de singularité446.
Nous intéresse ici le terme de « projet », que Stiegler emploie pour qualifier le processus d’« individuation ». « La projection suppose un projet », une intention d’exister, de s’extraire d’un « milieu » déjà là (exister, du latin existare, c’est « sortir de »). Certains dispositifs techniques s’opposent au « projet » en cherchant à voir en avance, à anticiper — à fermer l’imprévu. En rabattant une économie globalisée sur de l’indéterminé, on réduira tout ce qui pourrait entraver un accroissement de la consommation — où l’innovation est la forme économisée de l’invention. L’adéquation du temps des consciences au temps télévisuel est celui d’une « adaptation » (d’un conditionnement) à un modèle de société capitaliste. L’immédiateté des perceptions « déréalisées » ne permet pas de retour critique sur ce qui est perçu. En occultant la différence entre le temps de la connaissance et le temps de la consommation, le « temps réel » des technologies numériques nous priverait de recul en nous enjoignant à vivre dans l’instant présent, c’est-à-dire l’instant qui ne cesse de se dérober. Des expressions comme « sinistre spirituel447 » ou « misère symbolique » désignent les processus d’aliénation à l’œuvre dans les dispositifs de captation de l’attention, accusés de synchroniser les « temps de cerveau disponibles448 », et par là de produire des pensées homogènes, dociles, stratégiquement prévues.
Si le devenir n’est pas l’avenir, il n’y a pas d’avenir sans devenir et il y a du devenir sans avenir. Le devenir sans avenir s’appelle la mécanique. Ce qui confond devenir et avenir s’appelle le mécanisme449.
En cherchant à « déterminer l’indéterminé450 » ou à calculer l’incalculable, le « devenir sans avenir » des dispositifs met en péril la notion même de subjectivation. L’avenir est ce qui n’est pas, ce qui ne peut s’anticiper. C’est ce défaut qui aujourd’hui, pour Bernard Stiegler, nous ferait défaut. La technique, explique t-il, ne dois pas être condamnée en tant que telle. Ce sont les modalités au travers desquelles elle s’inscrit dans son époque qui sont à penser, à trier, à critiquer.
En recourant à des auteurs comme Agamben, Foucault ou Stiegler, nous avons pu dégager une pensée du dispositif compris comme ce qui oriente, gouverne et limite nos existences. La généralisation du calcul à des champs propres à l’humain (c’est-à-dire à ce qui ne peut se prévoir) entraîne une « désubjectivation », une crise de la conscience de soi en tant qu’être distinct des autres. C’est bien l’utilisation du calcul des sciences logiques dans une optique consommatoire que dénonce Stiegler, non le calcul en soi. Ces différents rapports de l’humain au calcul nous semblent fondamentaux à étudier. De la grammatisation au « pro-gramme », nous voyons poindre ici différentes façons de faire du numérique. D’un côté, nous avons vu une façon de faire « disposante », celle du dispositif, qui traite l’humain comme une entité « conditionnée » autant que faire se peut par le recours à des programmes. D’un autre côté, comme l’approche Stiegler, nous avons vu que ce conditionnement des programmes ne peut jamais être absolu, déterminant. Il subsiste toujours chez l’humain une marge irréductible au calcul, ce que Foucault appelle « corps » pour désigner l’inadéquation entre le système carcéral et l’expérience réelle de la punition. Ce « supplément » (Jacques Derrida) s’oppose au conditionnement du temps réel des dispositifs. De façon connexe, le surgissement de dysfonctionnements non prévus dans les dispositifs informatiques serait-il le signe d’une tension entre calculable et incalculable ?
La question est alors de savoir en quels termes on peut encore penser une différence, qui servirait de règle à toutes formes de calcul, mais qui ne pourrait faire elle-même l’objet d’un calcul, et sans laquelle il n’y aurait plus de critère d’orientation possible, dans ce milieu en devenir, autre que le calcul, c’est-à-dire autre que la croissance de l’entropie […]451.
Il nous importe ici de nous interroger sur les notions de direction, d’orientation et de prévision des objets techniques. Le logiciel peut être vu comme un dispositif au sens où il articule logiquement des fonctions en vue de produire un résultat donné. Comment penser une technique non assujettie à une science qui ne se contente plus de décrire ce qui est, mais qui cherche à déterminer ce qui sera ? Comment échapper à une posture antitechnique qui opposerait l’art au mécanique ? Comment sortir du temps des « dispositifs » pour penser un processus d’individuation à l’époque des « appareils » numériques ? Telles sont les questions que nous traiterons pour penser un calcul incalculable, où les dispositifs (qui ne seraient dès lors plus tout à fait des dispositifs) pourraient im-prévoir ce qui se crée. Le concept « d’appareil » peut alors nous permettre d’appréhender la technique en ce qu’elle fait d’une vie une existence, ouvrant un avenir dans un devenir.
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420
B. Stiegler, La technique et le temps, tome 1, La faute d’Épiméthée, Paris, Galilée, coll. La philosophie en effet, 1994. B. Stiegler, La technique et le temps, tome 2, La désorientation, Paris, Galilée, coll. La philosophie en effet, 1996. B. Stiegler, La technique et le temps, tome 3, Le temps du cinéma et la question du mal-être, Paris, Galilée, coll. La philosophie en effet, 2001. Pour plus de concision, nous les désignerons par la suite par leurs sous-titres respectifs. ↩
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421
B. Stiegler, Le temps du cinéma, ibid., p. 21. ↩
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422
Bernard Stiegler emprunte cette expression à Leroi-Gourhan. ↩
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423
Bernard Stiegler détaille la différence entre adoption et adaptation dans : « Je et Nous. La politique américaine de l’adoption », Le temps du cinéma, ibid., p. 127-189. ↩
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424
Les associés eim, Les Dirigeants français et le Changement. Baromètre 2004, préface d’Ernest-Antoine Seillière, interviews de Patrick Le Lay et d’une vingtaine d’autres dirigeants, Paris, Huitième Jour, coll. Droits/Économie, 2004. ↩
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425
Stiegler passe rapidement de l’un à l’autre, sans fondement conceptuel précis. ↩
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426
Cette expression renvoie aux analyses d’Adorno et d’Horkheimer concernant « l’industrie culturelle » (au singulier), notion discutée par Bernard Stiegler. ↩
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427
L. Manovich, « Review of Stars Wars: Episode 1. », Lev Manovich official website, 1999 : « Stars Wars: Episode 1 is the ultimate military parade. It reminds me of the parade which took every year in the Moscow’s Red Square when I was growing up […]. Today only one of these Empires is left. And it is now putting on its own parade, both on the fields of Europe and on the movie screens around the world. » ↩
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428
B. Stiegler, Le temps du cinéma, ibid., p. 188-189. ↩
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429
Il y aurait ainsi dans les programmes quelque chose qui échappe à la certitude. Nous reviendrons plus loin sur ce point. ↩
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430
Ibid., p. 315. ↩
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431
Le gratuit devient économisable, comme l’indique l’ouvrage suivant : C. Anderson, Free ! Entrez dans l’économie du gratuit, trad. de l’anglais par M. Le Séac’h, Montreuil, Pearson, 2009. ↩
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432
B. Stiegler, La désorientation, op. cit., p. 147, citant Paul Virilio : « Depuis que l’on n’ouvre plus seulement les volets mais aussi la télévision, le jour s’est modifié : au jour solaire de l’astronomie, au jour douteux de la lueur des bougies, à la lumière électrique, s’ajoute maintenant un faux-jour électronique dont le calendrier est uniquement celui de ‹ commutations › d’informations sans aucun rapport avec le temps réel. » ↩
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433
Platon, J. Derrida, Phèdre, suivi de La pharmacie de Platon, Paris, Flammarion, 2006. ↩
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434
B. Stiegler, La désorientation, op. cit., p. 223. Il emprunte cet argument à Aristote. ↩
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435
Selon Bernard Stiegler, le marketing s’invente avec Edward Bernays, qui met en place une « ingénierie du consentement » en combinant la psychanalyse de Sigmund Freud (dont il est le neveu) avec des études sur la psychologie des foules. On pourra se référer à : E. Bernays, Propaganda. Comment manipuler l’opinion en démocratie [1928], trad. de l’anglais (États-Unis) par O. Bonis, Paris, Zones, La Découverte, 2007. ↩
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436
B. Stiegler, Le temps du cinéma, op. cit., p. 144. ↩
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437
B. Stiegler, « Allégorie de la fourmilière. La perte d’individuation à l’âge hyperindustriel », dans : De la misère symbolique, tome 1, L’époque hyperindustrielle, Paris, Galilée, coll. Incises, 2004, p. 95-96. ↩
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438
B. Stiegler, « La marque du style et les programmes de l’improbable », dans : La désorientation, op. cit., p. 102-103. ↩
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439
« Grammatisation », Ars Industrialis.org. ↩
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440
B. Stiegler, De la misère symbolique, tome 1, op. cit., p. 112. ↩
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441
Bernard Stiegler se réfère de nombreuses fois à Gilles Deleuze. ↩
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442
Ibid., p. 118 : « Un processus de colonisation reposant sur une aliénation des esprits des colonisés par l’imposition de la technologie intellectuelle occidentale, les esprits colonisés étant ainsi des esprits ‹ grammatisés ›. » ↩
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443
Ibid., p. 115. ↩
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444
G. Agamben, Qu’est-ce qu’un dispositif ?, op. cit. ↩
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445
Nulle part n’est défini le mot « industrie », ce qui rend dès lors problématique le concept d’« hyperindustrie ». ↩
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446
B. Stiegler, De la misère symbolique, tome 1, op. cit., p. 119. Cet argument est également développé dans les trois tomes de La technique et le temps. ↩
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447
B. Stiegler, « Le cinéma de la conscience », dans : Le temps du cinéma et la question du mal être, op. cit., p. 64. ↩
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448
Ibid., p. 62. Stiegler qualifie la télévision de « synchronisation subitement accrue des diachronies constitutives des cultures ». ↩
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449
B. Stiegler, Le temps du cinéma, op. cit., p. 261. ↩
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450
B. Stiegler, La désorientation, op. cit., p. 14. ↩
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451
B. Stiegler, Le temps du cinéma, op. cit., p. 255. ↩