Lecteur de musique Apple iPod, design Jonathan Ive, 2001. Dimensions: 103.5mm (h.) × 61.8mm (l.) × 10.5mm (p.). Résolution de l’écran : 160 × 128px, deux niveaux de gris. Bien que l’iPod n’était pas le premier lecteur de musiques au format mp3, sa taille et son ergonomie le distinguèrent de ses concurrents et assurèrent son succès commercial. La roue centrale de l’appareil organise les principales fonctions d’utilisation.
La grille perforée et le panneau coulissant de l’unité centrale Apple PowerMac G5 (à gauche, design Jonathan Ive, 2006) semblent provenir de la radio Braun T1000 (à droite, design Dieter Rams, 1964).
Dieter Rams, Dietrich Lubs, calculette Braun ET66, 1987. Dimensions: 139mm (h.) × 82mm (l.) × 16mm (p.). La calculette était vendue avec une protection coulissante.
Dieter Rams, Dietrich Lubs, calculette Braun ET55, écran lcd, logo Apple, 1981. Révélée par le site Das Programm, cette calculette faisait partie des cadeaux réservés aux employés Apple. Elle apparaît dans le catalogue de vêtements et d’accessoires Apple Collection 1986-1987 (casquettes, ceintures, jouets, etc.), publié avant le retour de Steve Jobs à la tête d’Apple en 1997.
Captures d’écran du dvdObjectified, Gary Huswit, Plexifilm, octobre 2009. Dans cet extrait, Dieter Rams mentionne Apple comme s’inscrivant dans la continuité des valeurs de Braun. On voit ensuite Jonathan Ive manipuler des échantillons techniques d’objets Apple. ↩
Erich Consemüller, Untitled (Femme dans un fauteuil Wassily (B3) de Marcel Breuer portant un masque d’Oskar Schlemmer et une robe de Lis Beyer). v. 1926, épreuve gélatino-argentique, collection privée.
Max Bill, Die gute Form. Wanderausstellung des Schweizerischen Werkbundes, 1949. Livret de 24 pages accompagnant l’exposition itinérante The Good Form du Swiss Werkbund. ↩
En 1951, les frères Erwin et Arthur Braun prennent la direction de la compagnie éponyme, fondée par leur père Max Braun, ingénieur, qui avait ouvert un petit magasin d’appareils électriques à Francfort-sur-le-Main en 1921. Les jeunes frères poursuivent la production d’équipement audio et radiophoniques, et sont rapidement reconnus pour la grande qualité sonore de leurs lecteurs, tels que la célèbre gamme SK.
En 1950, les radios en bois avaient des formes arrondies et aérodynamiques oscillant entre esprit baroque ou romantique, somptueusement agrémentées de finitions en laiton ou en métal chromé. Premières radios du renouveau de la marque Braun, les modèles SK1 et SK2 (1955-1958) conçus par Artur Braun et Fritz Eichler tranchent radicalement avec le style de l’époque. La façade enceinte perforée de la gamme SK rend lisible les trois éléments circulaires. L’indicateur de fréquence est accompagnée de deux boutons réglables. Celui de gauche combine le réglage du volume à l’allumage ON/OFF, celui de droite servant au choix des stations AM/FM. Fritz Eichler travailla pour Braun jusqu’en 1978.
Hans Gugelot fut l’un des deux designers de la HfG Ulm auxquels Artur Braun fit appel pour établir les nouvelles bases de la marque. Dieter Rams ne prendra la tête du département design de Braun qu’en 1961, poste qu’il occupera jusqu’en 1995.
Conçu par Dieter Rams et Hans Gugelot, le tourne-disque SK4 diffère largement des modèles produits depuis les années 30. Les boutons de réglage ne sont pas situés sur la face avant, mais rassemblés sur le dessus. Le design «intégré» rassemble la platine disque, l’amplificateur et la radio, définissant ainsi une tendance qui perdurera jusqu’à aujourd’hui. La couverture en plexiglas est à l’origine du surnom du SK4, «cercueil de Blanche-Neige» («Snow White’s coffin»), exemple le plus significatif du design allemand d’après-guerre.
Conçu par Steve Wozniak, Steve Jobs et Ronald Wayne dans le garage de la famille Jobs, l’ordinateur Apple I (1976) fut le premier produit commercialisé par la marque éponyme. Environ 200 unités furent produites, au prix public de 666,66$. L’Apple I était uniquement constitué d’une carte mère «assemblée», ce qui le distinguait des autres machines de l’époque, qui étaient vendues en kit. Pour pouvoir utiliser l’appareil, l’utilisateur devait intégrer lui-même la carte mère dans un boîtier alimenté, et le relier à un clavier et à un écran de télévision. C’est l’utilisation de ces périphériques qui distingua l’Apple I de ses concurrents tels que l’Altair 8800, où l’utilisateur devait programmer avec des interrupteurs, et où l’affichage utilisait des lumières clignotantes. L’Apple I fut une machine innovante pour son époque, malgré son manque de graphismes ou de fonctions sonores. Le manuel de l’Apple I comprenait les plans de montage de la carte mère, ainsi que le principes généraux du langage formel Apple basic. Une carte facultative, fournissant une interface pour un lecteur de cassette, fut proposée plus tard pour un prix de 75$. La production fut arrêtée en mars 1977, avec l’apparition de son successeur, l’Apple II.
Lancé en 1977, Apple II, est l’un des premiers ordinateurs «personnels» produits en grande série. Il s’installa dans les foyers et écoles grâce à une offre logicielle novatrice, comme le traitement de texte Wordstar ou le tableur VisiCalc, ouvrant la voie à une économie des programmes. L’architecture ouverte de l’Apple II permettait aux utilisateurs de configurer leurs environnements de travail en choisissant eux-mêmes leurs composants. Les machines suivantes ne bénéficieront pas d’une telle marge de liberté.
«So advanced, you already know how to use it.», publicité Apple, magazine Personal Computing, juin 1989. Extraits: «Pour vous servir d’un ordinateur traditionnel, vous devez en premier lieu le programmer en vous aidant du manuel d’utilisation pour apprendre un ensemble d’instructions complexes, qui changent d’un programme à l’autre. Lisa remplace ces instructions par des images familières, qui fonctionnent de la même manière dans tous les programmes. Les dossiers des fichiers ressemblent à des dossiers papier. Il y a une calculette, des enveloppes, et même une poubelle. Vous pouvez ainsi travailler avec Lisa de la même façon que vous travaillez au bureau. […] Vos efforts sont concentrés sur ce que vous avez à faire — et non pas sur l’utilisation de l’ordinateur.» On remarquera que la calculette photographiée, au logo masqué, est le modèle ET55 de Braun (1981), design Dieter Rams et Dietrich Lubs.
Sorti en 1998 l’Imac G3 (design Jonathan Ive) incarne le succès du retour de Steve Jobs à la tête de la compagnie Apple. Les formes arrondies, la transparence et la couleur de l’iMac tranchent avec le beige alors en vigueur («no more beige box» ), dans le but de démystifier le rapport à l’informatique. La conception «tout en un» et la poignée de transport rendent mobile l’ordinateur.
Présenté par Steve Jobs en 2010, l’iPad reprend les principales caractéristiques du téléphone iPhone (sorti en 2007), les deux produits ayant été conçus en même temps. Cette tablette tactile sans clavier physique met en avant la consultation de médias: livres, magazines, jeux, films, musiques, Internet, etc. Des «applications» telles que Pages ou Numbers permettent des usages bureautiques simples.
Apple iPad (première génération) avec le site web du New York Times. Dimensions de l’iPad: 242,8mm (h.) × 189,7mm (l.) × 13,4mm (p.). Résolution d’écran: 1024 × 768px, 132ppp. ↩
Dieter Rams, Système de rangement Vitsœ 606, 1960. Adaptés à toutes les configurations, les éléments produits aujourd’hui sont toujours compatibles avec les modules d’origine.
Cette brochure de 1989 détaille la cohérence de l’identité visuelle de Braun. La page de gauche montre la bonne façon de faire, tandis que celle de droite expose différents écueils à éviter. Sont ainsi mis de côté les marques d’émotions superficielles, d’héroïsme, de culte, ainsi que l’ornementation. La vérité contre la manipulation, le produit pour lui-même contre la distraction, la fonction contre la décoration, la clarté contre la dissimilation, l’information contre le divertissement. ↩
Imaginée par l’agence TBWA\Chiat\Day en 1997, la campagne de publicité «Think Different» marque le retour de Steve Jobs à la tête d’Apple. Le slogan est choisi par opposition au «Think ibm». Pour le lancement du premier Macintosh, Steve Jobs avait déjà attaqué ibm avec le spot publicitaire «1984», dépeignant une société soumise à une informatique totalitaire. La campagne «Think Different» déroule les portraits de «célébrités» telles que Albert Einstein, Bob Dylan, Martin Luther King, Richard Branson, Richard Buckminster Fuller, Thomas Edison, Muhammad Ali, Maria Callas, Mahatma Gandhi, Alfred Hitchcock, Martha Graham, Frank Lloyd Wright, Pablo Picasso, etc. Les photographies en noir et blanc éloignent Apple de l’univers du jouet. À l’instar de la campagne publicitaire «1984», «Think different» ne montre aucun produit, la marque n’apparaissant que par son logotype coloré. Cette série sera déclinée en encarts presse (magazines de mode et presse grand public), affiches uniques géantes et spots tv. Le slogan «Think different» sera utilisé par Apple jusqu’en 2002.
Sous couvert de simplicité et de compréhension des fonctions, il est étrange de constater que des designers comme Naoto Fukasawa ou Sam Hecht s’appuient sur des formes d’objets ne correspondant pas aux caractéristiques de l’époque technique dans laquelle ils travaillent. Ces formes «inauthentiques» sont apparentables aux applications des téléphones mobiles imitant la matérialité d’objets archétypes (calculette, bloc-note, etc.). Serait-ce le signe de l’incapacité d’un certain type de design à donner forme à la technique, et plus largement à «faire forme»?
Naoto Fukasawa, télévision 8 pouces à affichage lcd, récepteur sans fil d’images et télécommande, Plus Minus Zero, 2009. Résolution d’écran : 640 × 480px. Cette télévision reprend la forme des anciens modèles à tube cathodique crt.
Sam Hecht, View Projector, projecteur lcd intégrant un lecteur dvd, Epson Japon, 2006: «Il était clair que les projecteurs lcd, contrairement à leurs ancêtres, avaient eu un tel succès […] qu’ils étaient devenus des boîtes vides de sens dans l’évolution des modes de vie contemporains. Le projet a consisté à transformer ce qui était à l’origine un équipement d’entreprise en un outil simple d’usage, pouvant prendre place dans l’environnement domestique. […] Le design fait évidemment référence au système de projection cinématographique à pellicule, ce qui se voit par exemple dans le choix d’avoir positionné l’objet debout plutôt qu’à plat. Le résultat est un produit qui est compris par l’utilisateur comme étant destiné à lire des films, un objet dont il est fier et heureux de se servir. Le fait de voir le dvd tourner contribue également à ‹l’atmosphère› du visionnage d’un film.»
En 2009, Naoto Fukasawa fonda la marque +-0, ligne de produit ayant pour ligne de conduite la formule «just right». le prix, la forme et la taille des objets Plus Minus Zero doivent être «juste bien».
Sam Hecht, disques durs auto-alimentés, LaCie, 2007. L’objectif de ce projet était de rendre l’ensemble aussi compact que possible, c’est pour cela que le câble usb est incorporé à la boîte. Comme le dit Sam Hecht: «Le design doit parfaitement s’intégrer à nos façons de travailler, aujourd’hui et demain. Le stockage des données ne consiste pas à mettre l’emphase sur des détails fantaisistes ou à styliser l’objet, mais à plutôt à voir avec le concept de «disparition de l’outil» [«toolness»], où chaque produit est adapté à son utilisation et à sa cycle de vie.» ↩
Sam Hecht, Second phone, Muji, 2002. Dans le contexte du développement de la téléphonie mobile, cet appareil d’appoint destiné à l’habitat a des «fonctionnalités» limitées qui permettent uniquement une communication basique. Il n’a pas besoin de «base» ni d’électricitébase; le microphone et le bouton de décrochage sont fusionnés.
Naoto Fukasawa, lecteur mural de cd audio, Muji, 1999. Dimensions : 17cm (l.) × 17cm (h.) × 4cm (p.). Dans le dvdObjectified (dir. Gary Hustwit, 2009), Naoto Fukasawa explique s’être inspiré des ventilateurs de cuisine pour le principe de tirer sur le cordon du lecteur pour faire tourner le cd audio. ↩
Lecteur audio sans fil à technologie bluetooth, Muji, 2013. Dimensions : 17cm (l.) × 17cm (h.) × 5cm (p.). Ce lecteur audio reprend le principe du cordon à tirer, mais perd la métaphore des lames du ventilateur, étrange réminiscence d’une forme devenue icône.
Nest protect, détecteur de fumée et de monoxyde de carbone (co), Nest, 2013. Dimensions : 13,4cm (l.) × 13,4cm (h.) × 4,1cm (p.). La localisation de la fumée est indiquée par une alarme vocale contextuelle, un simple mouvement de mains servant à la stopper. L’application mobile permet d’accéder à distance au statut du détecteur. Fondée par le «père de l’iPod», Tony Fadell créé Nest en 2010 avec comme premier produit un thermostat domestique dit «intelligent». En janvier 2014, Google rachète la startup Nest pour 3,2 milliards de dollars.